Types de consommation
Le bang, un mode de consommation du cannabis très dangereux
Le cannabis est de plus en plus consommé sous forme de bang (ou bong ou pipe à eau, le plus souvent artisanale). Ce mode de consommation intense présente des risques spécifiques, notamment respiratoires. Voici ce que l'on sait aujourd'hui car les effets ont été encore peu étudiés.
Une inhalation massive de cannabis
L'utilisation de bang ou pipe à eau artisanale a augmenté ces dernières années en Europe et en Amérique du Nord, que ce soit pour fumer du tabac ou du cannabis. Ce sont surtout des jeunes qui adoptent ce mode de consommation. Une étude de 2002 sur 159 jeunes consommateurs de cannabis a ainsi montré que près de la moitié d'entre eux (34,5% des garçons et 26,4% des filles) utilisaient des moyens de consommation du cannabis autres que les joints, en particulier des pipes à eau ou Bangs. (1) Une enquête française menée sur 309 jeunes confirme cette tendance : 198 ont expérimenté le cannabis, 191 par le mode du joint (61,8%), 105 par le mode du Bang (soit 34%). (2) La pratique du Bang permet une prise extrêmement brutale du cannabis, avec des effets plus rapides et plus prononcés. Elle s'est développée conjointement avec la pratique du Binge drinking (alcoolisation massive): ces deux pratiques ont la même optique, à savoir une défonce rapide. Les bangs (pipes à eau) sont souvent constitués de manière artisanale avec une canette en aluminium ou une bouteille en plastique, même si des modèles en verre ou en bambou sont commercialisés. Ils comportent un tuyau avec une sorte de douille à l’extrémité dans laquelle est brûlé le cannabis, avec ou sans tabac. La fumée est absorbée au travers du récipient qui contient de l'eau puis inhalée d'un coup dans sa totalité.
Les dangers spécifiques du bang
L'utilisation de pipes à eau pour consommer du cannabis présente tout d'abord des risques neurologiques liés à l'aspect "shoot" de la technique d'inhalation. Les bangers sont plus dépendants au cannabis: une étude sur 159 adolescents consommateurs de cannabis a ainsi montré que parmi ces utilisateurs, près de 33% des garçons et des files répondaient aux critères de dépendance au cannabis et que la dépendance était plus fréquente chez les usagers qui utilisaient d'autres moyens de consommation que le joint, le taux de dépendance passant ainsi à 51% pour les utilisateurs de bangs. (3)
En outre, les consommateurs de bangs de cannabis sont exposés à plus de toxiques. Il y a 10 fois plus de particules de monoxyde de carbone dans un joint que dans une cigarette, et dans le cas du Bang la toxicité est encore plus grande, un bang correspondant à 4 ou 5 joints en 1 seule aspiration. Des cas de tuberculose associés à une habitude d'utilisation de Bang pour la consommation de cannabis ont également été rapportés. (4) Le bang, dans lequel l'air contenu dans le tube est inhalé, serait une voie de transmission plus efficace de la tuberculose que les joints. Enfin, on pense que le bang serait à plus haut risque vasculaire qu'un simple joint, mais les données manquent pour affirmer cette hypothèse. (5)
Bang de cannabis, des risques de complications, notamment respiratoires
Les bangs artisanaux de cannabis sont à l'origine de complications respiratoires, qui peuvent être mortelles. Celles-ci restent peu décrites et certainement sous-estimées, alors que l'on connaît bien les manifestations respiratoires du cannabis consommé par joints. Les consommateurs de bang de cannabis présentent des symptômes respiratoires: expectorations de crachats noirâtres (suies endobronchiques), hémoptysies (rejets de sang par la bouche), le plus souvent en rapport avec des hémorragies intra-alvéolaires. Les hémoptysies ont été mises en rapport avec l'inhalation de cannabis lui-même et de ses additifs mais aussi à ses modes de consommation. L'enquête française menée par questionnaire sur 309 lycéens a ainsi révélé que le taux d'hémoptysies rapporté par rapport au nombre de consommateurs était de 7,4% pour les utilisateurs de cannabis, 7,6% pour les consommateurs de bang, 14,28% pour les consommateurs de narguilé. Les Bangs utilisés étaient des Bangs artisanaux en matière plastique, et 3 élèves ont déclaré avoir eu des hémoptysies pendant ou après l'inhalation de Bangs. (6)
Les complications respiratoires peuvent être mortelles. Une étude française relate ainsi le cas d'un jeune de 19 ans, consommateur de cannabis par bang depuis 5 mois. Admis en réanimation, on lui découvre une hémorragie alvéolaire massive. Son bilan infectieux et immunologique est négatif. Il sort de l'hôpital mais décède 15 jours plus tard d'un oedème pulmonaire lié à une hémorragie alvéolaire après inhalation d'un nouveau bang de cannabis. L'autopsie a montré une hémorragie alvéolaire toxique, due à la toxicité du récipient artisanal utilisé. (7) Explications à ces complications respiratoires liées à l'utilisation de Bangs: les récipients utilisés ne sont pas adaptés à cette pratique, en particulier les bouteilles en plastique où des anhydrides d'acides, des suies, des particules de plastique sont libérées et inhalées. De même pour le revêtement intérieur des canettes en aluminium: celui-ci en brûlant libère des toxiques. Ces acides ont une toxicité pulmonaire double : toxicité directe avec irritation sévère de la muqueuse pouvant provoquer des hémorragies intra-pulmonaires. Ensuite, les anhydrides d’acides peuvent réaliser le « syndrome anémie et hémorragie intra-alvéolaire » décrit en 1979 par Herbert et Orford en pathologie professionnelle.(8) Il se manifeste par sa gravité potentielle avec hémoptysie et hémolyse intravasculaire. La consommation régulière de Bangs semble aussi conduire à la survenue d'emphysème et de pneumothorax.
En attendant de nouvelles études sur les effets, notamment respiratoires des bangs de cannabis, on ne peut que conseiller la plus grande prudence face à ce type de consommation du cannabis.
Références
(1) H. Chabrol, E. Massot, A. Montovany, K. Chouicha, J. Armitage, Patterns of cannabis use, cannabis-related beliefs and dependence: study of 159 adolescent users. Archives de Pédiatrie, Volume 9, Issue 8, August 2002, Pages 780–788
(2) M. André, M. Durand, N. Paleiron, F. Grassin, Service de pneumologie, Hopital des Armées, Brest, enquête réalisée par questionnaire auprès de 309 jeunes de 15 à 22 ans d’un lycée d’enseignement technique de Bretagne, 2009
(3) H. Chabrol, E. Massot, A. Montovany, K. Chouicha, J. Armitage, Patterns of cannabis use, cannabis-related beliefs and dependence: study of 159 adolescent users. Archives de Pédiatrie, Volume 9, Issue 8, August 2002, Pages 780–788
(4) Thu K, Hayes M, Miles S, Tierney L, Foy A. Marijuana 'bong' smoking and tuberculosis. Intern Med J. 2013 Apr;43(4):456-8. doi: 10.1111/imj.12089.
(5) P.-Y. Le Guen, S. Gestin, E. Plat, P. Quéhé, L. Bressollette, Infarctus rénal et splénique après consommation massive de cannabis et cocaïne chez un homme jeune- Renal and spleen infarction after massive consumption of cannabis and cocaine in a young man, Journal des Maladies Vasculaires, Volume 36, n° 1, pages 41-44 (février 2011)
(6) M. André, M. Durand, N. Paleiron, F. Grassin, Service de pneumologie, Hopital des Armées, Brest, enquête réalisée par questionnaire auprès de 309 jeunes de 15 à 22 ans d’un lycée d’enseignement technique de Bretagne, 2009
(7) F. Grassin M. André B. Rallec, E. Combes, U. Vinsonneau, N. Paleiron, Hémorragie alvéolaire fatale après bang de cannabis-Fatal alveolar haemorrhage following a “bang” of cannabis-Revue des Maladies Respiratoires, Volume 28, numéro 7, pages 919-923 (septembre 2011)
(8) Herbert F.A., Orford R. Pulmonary hemorrhage and oedema due to inhalation of resins containing tri-mellitic anhydride Chest 1979 ; 76 : 546-551
Autres sources :
- Erika Dugas, Michèle Tremblay, Nancy C. P.,Daniel Cournoyer, Jennifer O'Loughlin, Water-Pipe Smoking Among North American Youths, Pediatrics Vol. 125 No. 6 June 1, 2010pp. 1184 -1189
- 14ème Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF), Marseille, 29 janvier-1er février 2010
- Présentations Société Française de Tabacologie, 2009 :
- Qui sont les Bangers ? Auteur : DURAND M., Service de pneumologie, Hopital d'instruction des Armées, 29200 Brest Co-auteur(s) : PALEIRON N., GRASSIN F, ANDRE M., Service de pneumologie, Hopital d'instruction des Armées, 29200 Brest
- Une complication méconnue du bang de cannabis : les « suies » endobronchiques. Auteur : GRASSIN F.,Service de pneumologie, Hopital d'instruction des Armées, 29200 Brest Co-auteur(s) : DURAND M., Service de pneumologie, Hopital d'instruction des Armées, 29200 Brest PALEIRON N., Service de pneumologie, Hopital d'instruction des Armées, 29200 Brest ANDRE M., Service de pneumologie, Hopital d'instruction des Armées, 29200 Brest
- Hémoptysies chez les fumeurs de cannabis : sont-elles sous-estimées ? Auteur : ANDRE M., Service de pneumologie, Hopital d'Instruction des Armées, 29200 Brest Co-auteur(s) : N.PALEIRON,Service de pneumologie, Hopital d'Instruction des Armées, 29200 Brest M.DURAND,Service de pneumologie, Hopital d'Instruction des Armées, 29200 Brest F.GRASSIN, Service de pneumologie, Hopital d'Instruction des Armées, 29200 Brest
Auteur : Anne-Sophie Glover-Bondeau / septembre 2013
Cannabis et adolescence : une drogue douce prise à la légère ?
« L’adolescence est le temps où il faut choisir entre vivre et mourir » écrit H. Aggoune (1). En effet, comme le souligne l’OMS, cette période est souvent caractérisée par des extrêmes opposés : d’un côté, la richesse et l’euphorie des nouvelles opportunités et de l’autre côté, la multitude de risques, parfois cachés dans des expériences en apparence anodines.
Comment fonctionne le cerveau d'un ado ?
L’adolescence se caractérise par une activation faible des régions corticales frontales encore immatures impliquées dans la planification et le contrôle du comportement et, à l’inverse, une activation élevée de la région de l’amygdale impliquée dans les émotions, le stress et le conditionnement. Cette dernière structure est mature très tôt à l’adolescence. Ces niveaux d’activité qui sont aussi caractéristiques de l’addiction confèrent aux adolescents une vulnérabilité accrue aux comportements addictifs.
Des situations à risque et des choix à faire
C’est une phase où des nouveaux choix conscients, personnels et autonomes sont à l’ordre du jour. De la même façon que le jeune peut apprendre et construire quelque chose de juste pour sa vie, il peut aussi rencontrer des situations dangereuses qui influenceront son futur. Une étude menée dans cinquante trois pays souligne l’existence de trois situations qui peuvent s’avérer particulièrement à risque pour les jeunes:
- l’initiation aux rapports sexuels,
- la consommation de drogues et alcool,
- et la dépression (2).
L’utilisation de substances psychotropes constitue un péril en soi, qui dans le pire de cas peut causer des maladies graves ou même le décès. Cependant, elle peut aussi être liée à des rapports sexuels non protégés, des accidents de la route, des actes de violence, une manque de productivité, des états psychotiques de dépression qui peuvent amener jusqu’au suicide (2).
Les risques de la consommation du cannabis augmentent avec le plus jeune âge
D’ailleurs, un des problèmes sociaux de notre société moderne est la nette augmentation de la consommation de ces substances, le cannabis étant la première dans la liste (3). Considérée par beaucoup une drogue douce, ses effets nocifs sont parfois sous-estimés, méconnus et ignorés par ses jeunes consommateurs. Mais comme le reporte un représentant de la commission de l’ONU dans un rapport de 2001, en parlant des effets du cannabis chez les jeunes de son pays : « la distinction entre drogue douce et dure n’est pas correct, il serait plus juste de parler d’utilisation douce ou dure des drogues » (4).
En effet, d’après certaines études épidémiologiques longitudinales, qui ont suivi l’évolution des jeunes consommateurs de cannabis dans le temps, les risques augmentent lorsque l’utilisation de cannabis dévient régulière, c’est-à-dire hebdomadaire voire journalière (5).
Un autre facteur de risque très important est l’âge. Les effets nocifs en relation au cannabis sont de plus en plus prononcés chez les consommateurs d’âge inférieur ou égal à quatorze ans et diminuent chez des fumeurs plus vieux (5).
La dépendance au cannabis : un phénomène sous-estimé chez les jeunes ?
En outre, quand on emploie du cannabis si tôt on augmente le risque de ne plus pouvoir s’en passer. Même si la dépendance au cannabis est souvent un phénomène sous-estimé, il y a un nombre grandissant d’adultes qui demandent de l’aide pour arrêter de fumer dans plusieurs pays développés, y compris en Hollande. Les consommateurs réguliers développement une tolérance à plusieurs effets du THC, le majeur composant psychotique du cannabis. Les jeunes qui essayent d’arrêter peuvent reporter des symptômes dus au manque, problèmes rencontrés chez 80% des garçons et 60% des filles (6).
Avec la chance accrue de développer une dépendance, les jeunes adolescents qui utilisent le cannabis plusieurs fois par semaine, augmentent aussi la probabilité d’utiliser un jour d’autres drogues et de développer des psychoses, deux phénomènes qui peuvent compromettre la santé et l’insertion sociale aussi à l’âge adulte (3,6).
Le cannabis pourrait être une porte d’entrée pour les autres drogues ?
Pourquoi la consommation de cannabis chez les jeunes ouvre-t-elle la porte à l’utilisation d’autres drogues telle la cocaïne ou l’héroïne ? Il existe des explications d’ordre pratique et logistique : les gens et les endroits où les jeunes se procurent le cannabis peuvent parfois être tout simplement les mêmes qui proposent des drogues plus lourdes. Mais certaines hypothèses suggèrent aussi l’existence d’un mécanisme neurobiologique qui encourage la prise d’autres substances psychotropes, une fois commencé avec le cannabis (6).
Des expériences chez les animaux montrent une relation de causalité entre le cannabis et le désir d’autres drogues. Toutes ces substances agissent sur les mêmes centres cérébraux, ceux qui donnent une sensation agréable de récompense. Il est ainsi probable qu’une fois stimulé par le cannabis, le cerveau en demande encore. L’utilisation d’autres stupéfiants, qui activent les mêmes zones cérébrales, met ainsi en route une boucle périlleuse qui en demande toujours plus (6).
Toutefois cette théorie reste une hypothèse très contreversée!
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Le cannabis pourrait-il augmenter le risque de psychose chez les jeunes ?
Le cerveau à l’adolescence est encore jeune et en pleine transformation. L’utilisation de psychotropes peut donc induire des altérations importantes sur la maturation de cet organe (7). Une des psychoses qui est le plus fréquemment mise en relation avec le cannabis est la schizophrénie. En effet, on trouve un nombre important de personnes atteintes de cette maladie qui en consomme (6).
Une question reste légitime : la schizophrénie est-elle une conséquence de l’utilisation du cannabis, ou plutôt, certaines personnes absorbent du cannabis pour soulager leurs symptômes (6) ?
Les deux cas de figures sont possibles. Cependant, comme certains scientifiques le suggèrent, le cannabis peut exacerber les symptômes d’une schizophrénie latente (6). D’autres études chez des jeunes souris viendraient prouver un lien de causalité entre cannabis et psychoses, ce qui suggère qu’une utilisation importante de la drogue pendant l’adolescence, est bel et bien un facteur de risque dans l’apparition de certaines formes de schizophrénie (7).
En résumé, il existe un lien fort entre les troubles psychotiques et la consommation de cannabis mais ce lien n'est pas encore caractérisé par une direction causale claire (les fumeurs sont-ils plus enclins à développer un trouble psychotique ou les personnes souffrant d'un trouble psychotique consomment-elles davantage que le reste de la population?).
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Impact du cannabis dans l’échec scolaire
A la vue des effets immédiats et chroniques d’une prise de cannabis sur le système nerveux, que ce soit sur le risque de psychoses qu’au niveau des altérations des capacités de mémorisation, d’attention et d’apprentissage, il est plausible de soupçonner que le cannabis consommé par les adolescents soit une des causes d’échec scolaire (8).
Plusieurs études épidémiologiques se sont penchées sur la question. D’après les analyses des résultats il semble, encore une fois, que l’âge et la quantité de cannabis consommé soient en relation avec un manque de réussite scolaire. Le risque d’abandonner précocement les études augmente considérablement chez les adolescents qui fument plusieurs fois par mois depuis l’âge de 14 ans (5,8).
Cependant, il est difficile et restrictif de prouver que le cannabis influence négativement la réussite scolaire seulement par ses effets sur la santé mentale (3,8). Certains auteurs suggèrent plutôt que la consommation de cannabis fasse partie d’un contexte multifactoriel où plusieurs causes peuvent déterminer l’échec dans les études. Il est probable, par exemple, que les jeunes consommateurs de cannabis se retrouvent à fréquenter d’autres jeunes qui ont des idées et des comportements anti-conventionnels et qui encouragement l’absentéisme à l’école (8).
De plus, dans certains cas, la consommation de cannabis n’est pas une cause mais c’est plutôt une conséquence de l’insuccès scolaire. Si d’un côté, ces deux phénomènes peuvent s’influencer à tour de rôle, de l’autre côté, ils peuvent être eux aussi des conséquences d’autres problèmes d’ordre comportemental ou familial (8).
Impact sur la vie sociale
Nombreuses de ces études ont montré, de plus, que la consommation de cannabis chez les jeunes est corrélée à une entrée douloureuse et difficile dans l’âge adulte. Ces adolescents vivent parfois des expériences sexuelles précoces et douloureuses qui amènent à des mariages immatures et voués à l’échec ou à des grossesses inattendues. En négligeant les dangers pour le fœtus, il est rare que les jeunes filles qui décident de porter à terme leur grossesse arrêtent de fumer (6).
D’autres adolescents ont du mal à trouver un emploi, et d’autres encore doivent affronter des relations de plus en plus compliquées avec les parents, ce qui les pousse parfois même à fuguer de la maison (8).
Il a été question dans plusieurs enquêtes d’estimer l’impact du cannabis dans l’augmentation de la criminalité. En effet, il est fréquent que les jeunes qui se retrouvent impliqués dans des bagarres ou des accidents soient des consommateurs réguliers de cannabis (4).
Plusieurs de ces résultats, une fois tenu compte de tous les facteurs sociaux, ainsi que de la consommation d’autres drogues ou d’alcool, montrent que le cannabis a peu d’effet sur l’augmentation de la délinquance (3,8). Au contraire, certaines enquêtes suggèrent que les jeunes avec une plus grande chance d’utiliser du cannabis, sont les mêmes qui risquent de consommer d’autres drogues, devenir délinquant, avoir des problèmes mentaux, et avoir des échecs scolaires avant même de commencer à consommer cette drogue (3,8).
Ainsi, parfois cause, parfois conséquence, parfois simplement cofacteur, la consommation de cannabis est associée à plusieurs problèmes dans le développement psychosocial des adolescents. Toutefois, sa dangerosité est un paramètre variable et difficilement quantifiable qui dépend, en grande partie, du contexte social ainsi que de l’histoire personnelle de chaque jeune utilisateur (3,5,8).
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Auteur : Lia Rossa
Références
L'influence sociale sur l'usage du cannabis
L’usage du cannabis est lié à des facteurs multiples. Certains sont d’ordre biologique, d’autres psychologique, d’autres sont encore sociaux. Pour les adolescents, la consommation ou non de substances psychoactives par leurs parents et leurs pairs - en milieu scolaire notamment - ainsi que leurs approbations constituent les principaux déterminants sociaux liés à la prise de cannabis. Les femmes victimes de phobie sociale constitueraient elles aussi une population facilement influençable.
L’influence par les pairs, un concept complexe.
L’influence par les autres a été identifié comme une cause pouvant initier chez les individus la prise de drogue. L’argument suggère que, parmi les jeunes, ceux qui ont une piètre estime d’eux-mêmes et un besoin de sentir la reconnaissance de leur entourage sont particulièrement susceptibles d’être influencés ou sous la pression de leurs amis et de leurs proches à s’engager dans la consommation de drogue.
Un tel encouragement apparaît encore être un facteur rassurant pour l’individu : il est important pour lui, avant de commencer à prendre de la drogue, d’être convaincu qu’un tel passage à l’acte présente un intérêt (il est suivi d’effets positifs), est sûr et revêt en quelque sorte une forme de prestige [1].
Mais le rôle des influences sociales ne peut se résumer à celui de conditions extérieures contraignant l’individu: la prise de drogue est aussi un acte conscient de sa part car il choisit de rechercher la compagnie d’autres personnes – preneurs de drogue - partageant les mêmes normes et valeurs que lui. Le recours aux substances psychoactives n’apparaît pas alors comme une action compulsive ou en réponse à une inadéquation sociale, il est induit par les « préférences des pairs » [2].
Adopter le comportement du groupe comme une référence
Lorsqu’un jeune a l’habitude de fréquenter un groupe (amis ou camarades de classe), son comportement est fortement calqué sur celui de la majorité. A moins qu’il n’existe un sous-groupe suffisamment important (au moins un quart de l’effectif global) au point de vue différent, l’adolescent est enclin à adopter la tendance générale afin « d’être comme tout le monde » et d’affirmer son appartenance au groupe. De fait, l’initiation au cannabis se fait le plus souvent de manière collective.
A contrario, le jeune homme ou la jeune femme dont le comportement ne s’adapterait pour se conformer à celui du groupe, pourrait être considéré comme un être original ou bizarre, sujet des railleries de ses pairs. Qui plus est, bien que cela soit sage et dans certains cas médicalement plus sûr, il est difficile pour un jeune de 16 ans de refuser du cannabis dans une salle où des jeunes gens plus âgés, en universités et au-delà, sont tous en train de fumer [3].
Prendre du cannabis est alors un comportement normalisant, il est encore une façon pour certains de s’attirer le respect des autres car tirer sur un joint est plus prestigieux que d’allumer une cigarette.
Ce prestige conféré à la prise de cannabis est intimement lié à l’image du consommateur de marijuana : celle d’un être anti-conventionnel à la vie excitante.
Se rapprocher de cet individu, en général plus âgé même si encore immature, permet d’espérer partager un mode de vie semblable à travers les loisirs et les cercles d’amis communs.
Pour un jeune curieux ou en rébellion, c’est l’occasion de « faire des choses cools » mais aussi de remettre les valeurs transmises par les parents, de co-construire -avec ses pairs- son propre système de références. A cet égard, la prise de cannabis peut être considérée comme un marqueur de prise d’autonomie. [4]
Fumer du cannabis est un geste, pour certains jeunes, banalisé. Il fait partie intégrante de notre société de consommation au même titre que tout autre bien : « Il est normal aujourd’hui d’avoir un téléphone portable, une mobylette, de profiter de la vie. S’abstenir de fumer du cannabis -dans ce contexte- pourrait s’assimiler à un comportement déviant» [5].
Le recours à la marijuana serait ainsi, pour les adolescents, une façon de s’intégrer à la société et de paraître plus adulte, en en reproduisant les manières.
La consommation en contexte scolaire
L’école est un facteur influençant la transmission des valeurs aux enfants, c’est aussi un lieu où se côtoient le cannabis et ses habitués.
Une adaptation réussie au milieu scolaire, correspondant en partie à l’adoption de normes sociales reconnues, peut jouer sur le comportement vis-à-vis du cannabis : plus les jeunes ont un bon niveau d’ajustement scolaire (mesuré à partir des performances scolaires et de leurs attitudes envers l’école ou les professeurs), moins ils sont susceptibles d’avoir des relations avec des pairs utilisateurs de substances psychoactives.
A l’opposé, l’abandon des études et l’isolement social qu’il implique, de mauvais résultats scolaires et le déficit de compétences sont considérés comme des facteurs de risque pour l’installation de la consommation, voire de la dépendance au cannabis.
Des études ont montré que le nombre de personnes adeptes du cannabis dans l’entourage d’un jeune scolarisé (âgé entre 15 et 18 ans) et la prise de cannabis par ce dernier sont fortement reliés: plus le nombre de consommateurs environnants est élevé et plus l’adolescent a d’attentes positives vis-à-vis de la prise de marijuana (plaisir, soulagement d’un malaise psychique, attitude permissive dénuée de risque), plus le risque du recours au cannabis est important. Certains ont quantifié cette relation et suggèrent qu’une augmentation de 10% du nombre de consommateurs environnants accroît la probabilité qu’a l’adolescent de consommer de 5%. [6]
A l’inverse, le nombre de non-consommateurs constitue un facteur protecteur pour l’adolescent : plus ce nombre est élevé, plus les attentes vis-à-vis du cannabis sont négatives et moins le jeune est enclin à passer à l’acte [7]. Ce constat peut avoir des conséquences intéressantes concernant la prévention : encourager les adolescents qui désapprouvent cette drogue à s’exprimer inciteraient ceux qui hésitent à refuser la drogue.
Parmi les paramètres caractéristiques d’un groupe social, le genre joue ici un rôle : ce sont avant les modèles masculins qui ont une influence, l’image de jeunes filles prenant de la drogue (alcool, tabac ou cannabis) n’ayant pas ou peu d’impact sur la décision de consommer. Il est à noter encore que cette influence s’opère sur les filles ou sur les garçons de la même façon.
Enfin, l’influence des camarades de classe existe que ceux-ci fassent partie de la même promotion ou d’autres (supérieures notamment), ils apposent leur marque à l’établissement : il existe ainsi des écoles où l’on fume (le tabac et le cannabis) et d’autres où la coutume est de boire [8].
La consommation de cannabis dans une école créé une atmosphère propice à cet usage : parce que les jeunes susceptibles de passer à l’acte en connaissent d’autres qui viennent régulièrement intoxiqués (ils sont « stones »), parce qu’ils sont confrontés au spectacle de camarades s’intoxiquant dans les locaux de l’établissement, parce qu’enfin la drogue circule [9]. Prendre du cannabis à l’école devient alors acceptable, une norme sociale qui favorise son usage.
L’influence familiale
C’est auprès des parents que les enfants et adolescents forgent le socle d’où émergeront leurs valeurs futures. La question se pose alors de savoir si le comportement parental, possiblement addictif, joue un rôle dans la décision du jeune à prendre de la drogue.
A ce titre, l’image du père est prépondérante. Seule la consommation actuelle ou passée de ce dernier constituerait un facteur déterminant : qu’elle ait ou ait eu lieu implique un risque non négligeable de prise de cannabis chez le fils ou chez la fille. Le comportement de la mère, consommatrice ou non, aurait quant à lui peu d’influence [7].
Ce résultat peut être rapproché des études sur les troubles des conduites adolescentes qui ont montré l’influence importante du père, dont les comportements antisociaux ou la consommation de substances psychoactives sont les facteurs de risques le plus souvent retrouvés.
Par contre, le fait que les parents ne consomment pas de produits psychoactifs n’induit pas forcément que l’enfant soit abstinent. Cette adoption du modèle parentale (consommation ou abstinence) dépend en fait grandement de la qualité des relations qui unissent parents et enfants, ainsi que de leur continuité.
L’opinion des parents vis-à-vis de la question du cannabis compte-t-elle ?
Quand ces derniers ne sont pas permissifs -admettant que leur fils ou leur fille puisse fumer de temps à autre de la marijuana- leur désapprobation devant la consommation de leur enfant n’aurait que peu d’effet.
Deux commentaires s’imposent ici. Tout d’abord, précisons qu’il existe bien une influence de l’opinion parentale quant à l’usage de substances, mais celle-ci exerce son effet maximal durant la préadolescence.
D’autre part, la plupart des parents semble désorientée par le discours ambiant (relayé par les médias) parfois contradictoire concernant le cannabis : « quelles sont ses effets sanitaires? » « peut-il entraîner une addiction? » « des comportements dangereux ? » [5]. Ce flou n’aide pas les parents à tenir des propos clairs et convaincants relatifs à la prévention. De plus, il les laisse démunis et découragés devant une habitude de consommation déjà ancrée chez leurs enfants. Ces raisons peuvent expliquer le manque d’influence de l’opinion parentale.
L’adolescence est une période de vulnérabilité au cours de laquelle peut survenir une rupture des liens sociaux. Les analyses montrent que des relations conflictuelles avec ses pairs , à l’extrême un rejet, font peser sur l’adolescent un risque important de dépendance au cannabis. Les conflits avec la famille ainsi que l’anxiété ont un rôle essentiel mais secondaire. [10]
Peur des autres et consommation de cannabis
La phobie sociale, qui peut être résumée comme la peur éprouvée par les personnes à être en société, c’est-à-dire en interaction avec les autres, est le trouble anxieux le plus répandu dans la population avec une prévalence de 13%. Les individus qui y sont susceptibles éprouvent une peur intense d’être évalués de façon négative par les autres, ils préfèrent éviter les situations sociales stressantes. Or ces personnes présentent des taux élevés de dépendance au cannabis.
Dans le cas de ces gens hyper-anxieux, il semble que l’entourage permette encore de faire le lien entre prise de cannabis et troubles de l’anxiété, mais ce uniquement chez les femmes [11]. Ces dernières, alors que les relations avec leurs proches –si importantes à leurs yeux- sont détériorées, seraient fortement influençables et rechercheraient à restaurer leurs relations avec les autres via la consommation de cannabis : ce produit joue alors le rôle de facteur de cohésion au sein d’un groupe ou est pris comme anxiolytique auto-prescrit. Cette observation reste toutefois à vérifier (notamment pour confirmer que les hommes victimes de phobie sociale sont relativement protégés).
Références
- National drugs prevention
- Coggans N. & coll. (1994), Drug use amongst peers: peer pressure or per preference ?, Drugs: education, prevention and policy, 1 (1), 15-26.
- http://cannabisnews.com/news/11/thread11783.shtml
- Inserm (2001), Cannabis: Quels effets sur le comportement et la santé?. Synthèse et recommandations, éditions INSERM, Paris.
- Menghrajani P. & coll. (2006), Swiss adolescents and adults perceptions of cannabis use: a qualitive study, Health Education Research, 20(4), 476-484.
- Ali M. & coll. (2011), The social contagion effect of marijuana use among adolescents, PlosOne, 6(1).
- Chabrol H. (2008), Contribution des influences parentales et sociales à la consommation de cannabis chez des adolescents scolarisés, L’Encéphale, 34, 8-16.
- Clark A. (2007), “It wasn’t me, it was them !” Social influence in risky behavior by adolescents, Journal of health economics, 26(4), 763-784.
- Kuntsche E. & coll. (2006), Adolescent alcohol and cannabis use in relation to peer and school factors. Results of multilevel anal
Auteur: C.Depecker
Double dépendance tabac-cannabis : un sevrage plus difficile?
La consommation couplée de tabac et de cannabis est de plus en plus fréquente, en particulier chez les adolescents. Cette association entraîne une potentialisation des effets psychoactifs avec comme conséquence une forte dépendance et un sevrage tabagique plus difficile. Le point sur les connaissances actuelles.
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Liens entre tabac et cannabis
Les personnes fumant des cigarettes consomment plus souvent du cannabis que les non-fumeurs. Les fumeurs de cannabis sont très souvent dépendants à la nicotine. L’association tabac-cannabis est répandue chez les jeunes en particulier. Cependant, on note la même tendance chez les adultes, même si l’usage de cannabis décroît après 25 ans. Actuellement, chez les adolescents occidentaux, la cigarette s’associe dans plus de 25% des cas à la résine de cannabis, le haschich, sous forme de joint, mélange de tabac et de haschich. Souvent, les jeunes commencent par fumer des cigarettes puis y associent le haschich. Cependant, il apparaît dans diverses études que la consommation de cannabis pourrait également entraîner des jeunes non-fumeurs à consommer du tabac. Les jeunes adultes qui consomment du cannabis ont plus de chance de devenir dépendant à la nicotine, d’autant plus si la consommation de cannabis est fréquente et commencée très jeune. Une étude menée en Ecosse en 2004 a ainsi montré que pour un non-fumeur, la consommation quotidienne de cannabis à l’âge de 21 ans multiplie par trois les risques de dépendance à la nicotine (1). Patton et al. ont a montré en 2005 que des adolescents qui n’avaient jamais fumé mais avaient déjà consommé du cannabis avaient 8,4 fois plus de chance d’être initiés au tabac, en comparaison avec des adolescents qui n’avaient jamais consommé de cannabis. L’étude rapporte également que les consommateurs quotidiens de cannabis, s’ils n’étaient pas dépendant à la nicotine à l’âge de 20 ans, avaient 3,6 fois plus de risques de développer une dépendance à la nicotine vers l’âge de 24 ans (2). Ainsi, on sait aujourd’hui que la consommation de tabac facilite le passage à la consommation de cannabis, et vice-versa. En outre, le tabac et le cannabis inter-agissent l’un sur l’autre. Cette interaction n’est cependant pas entièrement expliquée aujourd’hui. Cependant, on sait que le tabac augmente la vaporisation du THC (tétrahydro-cannabinol), substance psycho-active du cannabis responsable de la dépendance, ce qui potentialise l’effet du cannabis (3). En outre, le THC atténuerait le sentiment d’anxiété générée par la nicotine et les fumeurs de cannabis disent ajouter du tabac pour contrecarrer les effets sédatifs du cannabis (4). De nombreux facteurs environnementaux, génétiques et sociaux sont très certainement également à prendre en compte pour expliquer la consommation conjointe de tabac et de cannabis. Les consommateurs se rendent eux-mêmes compte que fumer du cannabis renforce la dépendance au tabac (5). 22 jeunes de 15 à 21 ans interrogés dans le cadre d’une étude menée en 2009 ont ainsi déclaré que leur consommation d’une des substances augmentait quand ils cherchaient à diminuer ou à arrêter la consommation de l’autre (6).
Fumeurs de tabac et cannabis : un sevrage tabagique plus difficile
Le sevrage tabagique est plus difficile en cas de double dépendance. Les études menées ces dernières années montrent que la consommation de cannabis réduit les chances d’arrêt du tabac. Des chercheurs de Baltimore ont observé pendant 13 ans des fumeurs de tabac dont certains fumaient aussi du cannabis. Cette étude est basée sur 431 adultes de moins de 45 ans qui, lors d’une première étude en 1981, avaient déclaré une consommation de tabac, avec une non-consommation de cannabis pour 41% d’entre eux, une consommation de cannabis au moins une fois au cours du mois passé pour 27% et une consommation quotidienne de cannabis durant au moins 15 jours consécutifs au cours du dernier mois pour 9% d’entre eux, et qui avaient été interviewés à nouveau 13 ans plus tard. Les enseignements de cette étude ? Les fumeurs de tabac consommateurs réguliers de cannabis étaient trois fois plus nombreux à continuer de fumer que les simples fumeurs de cigarettes treize ans après (7). Il ressort des études récentes qu’un grand nombre de fumeurs de tabac et de cannabis souhaitent arrêter la cigarette mais continuer à consommer du cannabis. Le cannabis est perçu comme plus naturel, moins nocif et moins addictif que le tabac (8). Or, la poursuite de la consommation de tabac dans les joints maintient la dépendance à la nicotine ainsi que l’habitude gestuelle. Le cannabis favorise ainsi la reprise du tabagisme après un arrêt du tabac. « Le frein au sevrage tabagique devrait être considéré comme l’un des plus grands risque du cannabis » concluent les auteurs de l’étude réalisée en 2002 à Baltimore.
Fumeurs de tabac et cannabis : quel sevrage ?
On a pensé pendant longtemps qu’il était plus simple d’arrêter une substance puis l’autre. De récentes études ont remis en cause cette idée. Ainsi, lors d’une étude menée en 2008, la moitié des participants à celle-ci trouvaient qu’il était plus facile d’arrêter les deux substances en même temps alors que l’autre moitié trouvait plus simple de faire le sevrage d’une substance puis de l’autre. Il est aujourd’hui recommandé un arrêt simultané des deux produits, qu’il y ait ou non dépendance au cannabis, dans le cas où la motivation existe pour l’arrêt des deux produits. Actuellement, il y a encore trop peu d’études spécifiques sur ce double sevrage et il n’existe pas de protocole thérapeutique bien défini. On sait cependant que la prise en charge devrait être spécifique, notamment car les manifestations anxio-dépressives sont fréquentes en cas de double sevrage. La prise en charge du sevrage cannabis-tabac devrait comporter un traitement permettant de gérer, en même temps, la dépendance au THC et la dépendance à la nicotine. Une des solutions proposées aujourd’hui ? Proposer un traitement comportant des substituts nicotiniques à dose suffisante et en association (patch + forme orale comme les gommes, les pastilles ou l’inhaleur) avec un traitement permettant de calmer le stress dû au manque de THC. A cela doit s’ajouter une prise en charge psychologique (9). Dans tous les cas, quelle que soit la modalité d’arrêt, le problème tabac-cannabis doit être approché de façon globale. L’idéal serait de trouver de nouveaux traitements qui cibleraient les neurotransmetteurs communs à la nicotine et à la marijuana (10). Pour ceux qui souhaiteraient continuer à fumer du cannabis mais arrêter le tabac, on s’interroge aujourd’hui sur la possibilité de pouvoir maintenir le cannabis sans tabac : consommation sous forme d’infusion ou via des pipes à herbe par exemple. Cela pose cependant de nombreux problèmes : un risque de compensation (plus de cannabis consommé), un dosage difficile à ajuster pour les formes ingérées, un maintien des habitudes de consommation... en dehors de la nocivité du cannabis (11).
Il reste donc à multiplier les études sur les liens entre tabac et cannabis pour pouvoir ensuite informer les consommateurs des dangers de l’une et l’autre de ces deux substances et des deux consommées ensemble. Cela permettrait aussi d’améliorer la prise en charge de la consommation conjointe de cigarettes et de cannabis. Au regard des chiffres de consommation, cela semble urgent.
Références
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- (7) Ford DE, Vu Ht, Anthony JC, Marijuana use and cessation of tobacco smoking in adults from a community sample, Drug alcohol depend, 2002 Aug 1; 67 (3): 243-8
- (8) Isabelle Jacot Sadowski, Consommation conjointe cigarette et cannabis-Quelles implications pour le sevrage ? , policlinique médicale universitaire, Lausanne, 03/12/2009
- (9)THS 9: symposium SFT Tabac cannabis, Biarritz, 14-16 octobre 2009
- (10) Ford DE, Vu Ht, Anthony JC, Marijuana use and cessation of tobacco smoking in adults from a community sample, Drug alcohol depend, 2002 Aug 1; 67 (3): 243-8
- (11) Isabelle Jacot Sadowski, Consommation conjointe cigarette et cannabis-Quelles implications pour le sevrage ? , policlinique médicale universitaire, Lausanne, 03/12/2009
Pour en savoir plus
- Afif H., Urban T., Quantin X. L'association tabac-cannabis est-elle susceptible de modifier l'histoire naturelle de la dépendance ?, Revue des Maladies Respiratoires Actualités Volume 2, Issue 4, October 2010, Pages 376-379
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- Agrawal A, Lynskey MT, Pergadia ML, Bucholz KK, Heath AC, Martin NG, Madden PA, Early cannabis use and DSM-IV nicotine dependence: a twin study, Addiction. 2008 Nov;103(11):1896-904
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THS 9 : symposium SFT Tabac cannabis, Biarritz, 14-16 octobre 2009 - Van der Kooy F, Pomahacova B, Verpoorte R. Cannabis smoke condensate I: the effect of different preparation methods on tetrahydrocannabinol levels. Inhal Toxicol. 2008 Jul;20(9):801-4.
Auteur: Anne-Sophie Glover-Bondeau / juin 2011
Les modes et types de consommations du cannabis
L'utilisation du cannabis peut, selon le mode et la fréquence de consommation, entrainer peu de conséquences négatives pour sa santé physique et mentale du consommateur, ainsi que des difficultés avec son entourage.
On compte aujourd’hui cinq modes de consommation du cannabis :



Et vous, où en êtes-vous avec votre consommation de cannabis? Représente-t-elle ou non un risque pour votre santé, votre bien-être ou votre avenir? Dans cette section vous pouvez découvrir différentes définitions de la consommation de cannabis, qui va du simple usage à la dépendance.