Les effets psychologiques du cannabis (THC)
Le cannabis a de nombreux effets sur la perception, les pensées et l'humeur. De façon générale, fumer du cannabis provoque une légère euphorie souvent accompagnée d’un sentiment de détente. Certaines personnes se sentent plus à l’aise socialement, plus désinhibées et parviennent à communiquer plus facilement. Mais l’inverse est également décrit. Qu'est-ce qui pourrait expliquer ces différences?
Effets perçus par le consommateur
Voici une liste non exhaustives d'effets psychologiques issue d'une étude. Cette recherche française (Chabrol, 2004 []) a analysé la perception des effets du cannabis chez des adolescents (moyenne d’âge de 16 ans) consommateurs et non consommateurs. Le tableau ci-dessous résume les effets positifs et négatifs évoqués par ces deux groupes.
Effets rapportés |
Consommateurs |
Non consommateurs |
Positifs |
|
|
Joie de vivre / euphorie |
47% |
9% |
Relaxation |
40% |
23% |
Gaieté |
21% |
10% |
Réduits les sentiments négatifs |
27% |
14% |
Plus ouvert dans les relations sociales |
13% |
1% |
Négatifs |
|
|
Déficits cognitifs et attentionnels |
13% |
5% |
Irritabilité |
8% |
8% |
Perte de contrôle |
8% |
8% |
Se sentir faible |
13% |
6% |
De nombreuses variations
Les effets peuvent varier en fonction de la quantité et de la concentration de THC dans le produit, des attentes du consommateur ou de ses dispositions psychiques et physiques. La fréquence de la consommation, son mode (fumé ou ingéré) et son contexte (par exemple, l’ambiance liée à un endroit) ont également un rôle décisif.
Attentes du consommateur
Selon une étude, les effets sont aussi dépendants des attentes du consommateur par rapport au produit (Stark-Adamec, 1981 []). Par exemple, si une personne anticipe que fumer un joint va la détendre, cette attente d’un effet relaxant augmentera la possibilité d’obtenir réellement l’état recherché. Au contraire, une crainte liée à la consommation peut précipiter un état anxieux.
La fréquence de la consommation
Lors des premières expérimentations, le cannabis a un effet euphorisant plus marqué. En revanche, les consommateurs plus réguliers décrivent une "habituation" qui conduit à une diminution des effets euphorisants et relaxants. L'habituation est également appelée tolérance. Une consommation régulière peut entraîner une baisse de l’humeur, de la motivation à faire des activités et de la mémoire à court terme (système de mémoire qui permet de retenir temporairement une information, par exemple un numéro de téléphone).
Amplificateur d'émotions
En clinique, certains patients décrivent une amplification émotionnelle. C’est pourquoi ils déconseillent parfois l’usage du cannabis lorsque l’humeur est basse ou lorsqu’une personne est anxieuse car cela peut également augmenter l’intensité de ces émotions et éventuellement conduire à un sentiment d’angoisse, de déprime ou, au pire, produire un « bad trip » (Thomas, 1996 []).
Effets psychiques aigus
Les effets aigus du cannabis sur le fonctionnement cognitif ont été testés en détails dans différentes recherches. Il en ressort principalement un effet d'amnésie sur la mémoire à court terme (INSERM, 2001).
Chez les consommateurs plus réguliers, on observe également les phénomènes suivants: somnolence, euphorie modérée, sensation de bien-être, altération de la perception temporelle, troubles de la mémoire à court terme et incapacité à accomplir plusieurs tâches simultanément.
Une consommation plus importante peut engendrer des troubles du langage ou de la coordination des mouvements, une augmentation du temps de réaction (lenteur dans les réactions) ainsi qu’une irritabilité ou une tristesse.
Certaines observations cliniques ont décrit un syndrôme amotivationnel (diminution des envies et des activités sociales, scolaire ou professionnelle ainsi qu’une diminution ou un ralentissement des idées et une indifférence affective) chez de très grands consommateurs (INSERM, 2001). Les personnes sont moins touchées par ce qui les entoure.
Les personnes qui consomment de façon importante et prolongée sont aussi à risque de développer des troubles anxieux et notamment des attaques de panique.
Certaines personnes vont plutôt avoir des "idées interprétatives de référence" (se sentent au centre de l’intérêt des autres, ou visés par les autres) et de menace (Reynaud, 2004). Normalement, s’il s’agit d’un trouble psychologique induit par la substance, qui doit disparaître après l’arrêt de la consommation. Dans le cas contraire, une consultation psychiatrique est conseillée pour identifier et prendre en charge un éventuel trouble associé.
Références
- American Psychiatric Association (1994) Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (4th edn) (DSMIV)
- Inserm (2001). Synthèse du rapport "Cannabis Quels effets sur le comportement et la santé ?".Paris.
- Chabrol H, Roura C, Kallmeyer A. (2004). Perceptions of cannabis effects a qualitative study among adolescents. Encephale. May-Jun;30(3):259-65.
- Stark-Adamec C, Adamec RE, Pihl RO (1981). The subjective marijuana experience: great expectations. Int J Addict.Oct;16(7):1169-81.
- Thomas, H. (1996). A community survey of adverse effects of cannabis use. Drug and Alcohol Dependence. 41, 201-207.
- Green B, Kavanagh D, Young R. (2003). Being stoned: a review of self-reported cannabis effects. Drug Alcohol Rev. Dec;22(4):453-60.