Définition : Le THC c'est quoi ?
Le THC (Δ9 - tétrahydrocannabinol) est le cannabinoïde le plus abondant et le plus présent dans la plante de cannabis. Il possède des propriétés psychoactives agissant sur le psychisme en modifiant l'activité cérébrale.
Il existe deux variétés de chanvre, se différenciant l'une de l'autre par le taux de THC qu'elles contiennent: Le chanvre textile (cannabis sativa), cultivé sous nos latitudes depuis des siècles, ne contient que des taux insignifiants de THC. Le chanvre indien (cannabis indica) qui poussait à l'orgine sur les versants de l'Himalaya sécrète lui beaucoup plus de résine pour se protéger de la sécheresse, résine recelant le THC. C'est cette variété qui a été sélectionnée et manipulée génétiquement pour obtenir des produit avec des taux élevés de substance psychotrope.
D'où proviennent les effets du THC ?
Les effets du THC proviennent de la liaison de cette substance avec des récepteurs cannabinoïdes présents dans l’organisme. Il est intéressant de noter que dans « l’histoire des drogues », sa découverte est extrêmement récente, puisque le THC n’est isolé qu’en 1964 (Mechoulam et Gaoni). A titre de comparaison la découverte du principe actif de la cocaïne et de l’héroïne remonte à la fin du XIXème siècle.
Variation des taux de THC
La concentration en THC du cannabis est variable. Les taux retrouvés à l’état naturel oscillent entre 0.5 et 5%.
Au cours des 20 dernières années, des techniques sophistiquées de culture (hydroponique) ont permis d’augmenter considérablement ces taux. Dans les années 1960-70, un « joint moyen » contenait 10 mg de THC, actuellement il peut en contenir jusqu'à 150 ! (Ashton, 2001). En 2001, un apport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale précise que des échantillons plus concentrés ont été collectés (jusqu’à 31% pour la résine et 22% pour l’herbe). En 2004, une étude suisse indique que le taux moyen serait de 15% (Killias et al., 2004).
Plus récemment (2018), une étude publiée dans la revue Addiction, montre que, dans le cas de la marijuana (cannabis à base de plantes), les concentrations de THC ont augmenté chaque année régulièrement, passant de 5% en 2006 à 10% en 2016. Pour la résine de cannabis (ou haschich), les concentrations en THC, qui étaient relativement stables de 2006 à 2011 (de 8% à 10%), ont rapidement augmenté de 2011 à 2016 (de 10% à 17%). En 2017, des mesures en Suisse ont révélé un taux moyen de 10% pour la marijuana et de 19% pour le haschich. D'un point de vue médical, cela revient à une surdose massive !
Nous rappelons que plus la concentration en THC est élevée plus les effets psychoactifs sont importants, et les risques d'une décompensation psychotique aussi !
Action du THC sur l'organisme
Les cannabinoïdes se fixent sur des récepteurs spécifiques du système nerveux et du système immunitaire. Ils activent un système cannabinoïde endogène composé de substances neurochimiques (anandamides) et de récepteurs spécifiques. Ces mécanismes forment le ECS, c'est à dire le système endocannabinoïde.
Deux types de récepteurs ont été caractérisés, les CB1 et les CB2 :
Les récepteurs CB1 sont distribués de façon hétérogène dans l’organisme avec une plus forte concentration dans les structures cérébrales impliquées, notamment, dans la mémoire, la coordination motrice, mais aussi dans le traitement des informations relatives à la douleur. Des récepteurs CB1 sont aussi présents dans les structures qui participent au contrôle des émotions ou qui composent le circuit de la récompense.
Les récepteurs CB2 sont présent dans l’ensemble du système immunitaire (Reynaud, 2004).
Progressivement, la recherche a permis la découverte d’un système cannabinoïde endogène dont la compréhension des mécanismes continue d’être approfondie. Une étape supplémentaire a été atteinte en 1992, lorsque Devane et son équipe identifient un neurotransmetteur (également appelé ligand) qui agit sur les récepteurs CB1 et CB2.
Ce neurotransmetteur a été nommé plus tard « anandamide », du sanskrit ananda, qui signifie bonheur.
Références
-
T.P. Freeman, T. Groshkova, A. Cunningham, R. Sedefov, P. Griffiths, M. T. Lynskey. (2018). Increasing potency and price of cannabis in Europe, 2006–16. Addiction 2018.
- Ashton CH., 2001. Pharmacology and effects of cannabis: a brief review. Br J Psychiatry. Feb;178:101-6.
- Inserm, 2001. Synthèse du rapport « Cannabis Quels effets sur le comportement et la santé ? ».Paris.
- Killias M, Isenring G-L (2004). Etude sur le marché du cannabis : rapport sur l’étude des achats fictifs auprès de magasins spécialisés dans les produits à base de chanvre. Lausanne : Université de Lausanne, Institut de criminologie et de droit pénal.
- Pertwee RG. 1997. Pharmacology of cannabinoid CB1 and CB2 receptors. Pharmacol Ther.;74(2):129-80.
- Reynaud, M. et al., 2004. Cannabis et santé, vulnérabilité, dépistage, évaluation et prise en charge. Médecine-Sciences, Flammarion : Paris.