Informations générales
Dépistage de la consommation de cannabis: les tests existants
Pour savoir si une personne consomme du cannabis, il existe différents tests de dépistage, réalisés à partir du prélèvement de différents milieux biologiques. Comment fonctionnent-ils? Ont-ils tous la même fiabilité? Zoom sur les tests de dépistage de la consommation de cannabis.

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Dépistage de la consommation de cannabis: ce que l'on détecte
Après inhalation, environ 18% du tétrahydrocannabinol (THC), principal cannabinoïde, pénètrent dans la circulation sanguine. (1) Cette absorption est très rapide. Les concentrations sanguines maximales sont obtenues 7 à 10 mn après le début de l'inhalation.
Le THC se fixe ensuite sur des tissus riches en lipides (le cannabis est dit lipophile), en particulier au niveau du cerveau. Le temps de rétention du THC dans ces tissus est long: la demi-vie du THC est d'environ 8 jours. En outre, 20% de la quantité de THC présente dans les tissus possède une demi-vie d'environ 2 à 3 mois. Certains auteurs ont retrouvé des métabolites du THC dans les urines de gros fumeurs 72 jours après la dernière cigarette. (2) Le THC est rapidement métabolisé. Au niveau du foie, le THC est métabolisé en 11-hydroxy-THC (11-OH-THC) puis en acide 11-nor-THC-carboxylique (THC-COOH). (3) Le THC-COOH commence à apparaître dans le sang dans les minutes qui suivent l'inhalation. C'est le composé le plus abondant dans l'urine - l'élimination des cannabinoïdes se fait en partie par voie rénale-, tandis que le THC inchangé y est présent seulement à l'état de traces. Les tests de dépistage du cannabis recherchent donc principalement dans les urines et dans le sang le THC ou le principal métabolite du THC, le THC-COOH. L'élimination des cannabinoïdes se fait aussi par la sueur, ce qui en fait un milieu biologique utilisable pour le dépistage.
Les tests de dépistage du cannabis
Jusque dans les années 1970, le dépistage du cannabis se faisait dans les urines. Le développement des méthodes chromatographiques, plus sensibles, ont permis dans le milieu des années 1990, de détecter et de doser les métabolites du THC dans le sang, la sueur, la salive et les cheveux.
Le test de dépistage sanguin permet de détecter une consommation de cannabis dans un délai maximum de 2 à 10h après la prise. Seule l'analyse de sang permet de différencier principes actifs et métabolites dépourvus d'effets psycho actifs et de faire une analyse quantitative. C'est le test le plus approprié dans un contexte médico-légal (accidents de la route). La méthode la plus fiable est la chromatographie en phase gazeuse avec détection par spectométrie de masse. Cette dernière a une excellente sensibilité: la limite de détection est de 0,4ng/ml pour le 9-tétrahydrocannabinol et de 0,2ng/ml pour le THC-COOH. Cette analyse permet également d'estimer le temps écoulé entre la dernière consommation et la prise de sang.
Le test de dépistage urinaire permet le dépistage rapide d'une consommation de cannabis, et cela jusqu'à 2 à 7jours après une prise occasionnelle, et bien plus longtemps chez les consommateurs chroniques, les taux de THC-COOH y étant très élevés. Des auteurs ont ainsi retrouvé des métabolites du THC dans les urines de gros fumeurs 72 jours après la dernière consommation de cannabis. Les méthodes les plus fréquemment employées sont la technique enzymatique EMIT et l'immunopolarisation de fluorescence qui utilisent un anticorps dirigé contre le THC-COOH. Un résultat positif dans les urines doit être confirmé par une autre technique car les faux positifs sont possibles. (4) Il existe des tests urinaires unitaires faisant appel à la chromatographie. Quelques gouttes d'urines et quelques minutes suffisent à détecter une consommation de cannabis.
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Test de dépistage salivaire - Test salivaire
Le test de dépistage par la salive permet de détecter une consommation récente de cannabis (de 2 à 10 heures). Cependant, on sait que le passage des cannabinoïdes du milieu sanguin vers la salive est très faible et que l'on détecte juste les cannabinoìdes présents par séquestration bucco-dentaire.
Test de dépistage au niveau de la sueur
Il existe des tests de dépistage du cannabis qui utilisent la sueur. Celle-ci constitue cependant un mauvais milieu d'investigation car la persistance du THC est dépendante du dernier lavage. Ils permettent de détecter une consommation récente de cannabis.
Des techniques chromatographiques très performantes permettent de détecter la présence de THC dans les cheveux (les concentrations en THC sont de quelques ng par mg de cheveux). Cette analyse des cannabinoïdes dans les cheveux permet d'établir la chronicité et le niveau de consommation (faible, moyen, fort), ce que ne permet pas le test de dépistage urinaire.
Tests de dépistage du cannabis: les limites
Il n'existe pas d'outil de dépistage rapide, fiable et simple, sans prélèvement biologique de la consommation de cannabis, en testant l'haleine par exemple comme c'est le cas pour la consommation d'alcool avec l'éthylotest. Les tests de dépistage urinaires permettent un dépistage rapide de la consommation de cannabis mais ont un inconvénient: ils ne permettent en particulier pas de distinguer une consommation récente ou plus ancienne de cannabis (les tests peuvent être positifs jusqu'à 3 semaines après la prise chez les gros consommateurs et jusqu'à 12 jours chez les fumeurs réguliers). Ainsi, ces tests ne permettent pas d'affirmer que quelqu'un était sous l'influence du cannabis au moment du prélèvement. En outre, le recueil des urines doit se faire dans des conditions très strictes car il est possible de fausser les résultats (adultération) en ajoutant de d'eau dans les urines ou en prenant des diurétiques par exemple). Les tests salivaires ne sont pas assez fiables aujourd'hui - trop de faux positifs ou négatifs- pour en faire un outil de dépistage de masse, non invasif.
Les risques sur la route si je fume du cannabis
Références
(1) Richard D, Senon JL. Le cannabis. Paris : Presses Universitaires de France ; 1996
(2) Johansson E, Noren K, Sjovall J,Halldin MM. Determination of delta-1 tetrahydrocannabinol in human fat biopsies from marijuana users by gas chromatography-mass spectrKintz P, Machart D, Jamey C, Mangin
(3) Baselt RC, Cravey RH. Disposition of toxic drugs and chemicals in man. Foster City : Chemical Toxicology Institute, (1995)
(4) Kintz P, Machart D, Jamey C, Mangin P. Comparison between GC-MS and the EMIT II, Abbott ADx, and Roche Online immunoassays for the determination of THC-COOH. J Anal Toxicol 1995 ; 19 : 304-306 ometry. Biomed Chromatogr 1989 ; 3 : 35-38
Autres sources
- Patrick Mura et Alain Piriou, Le cannabis, Laboratoire de Biochimie et de Toxicologie, Centre Hospitalier Universitaire, Poitiers
- Mura P., Kintz P., Papet Y., Ruesch G., Piri ou A. Evaluation de six tests rapides pour le dépistage du cannabis dans la sueur, la salive et les urines. Acta Clin Belg 1999 : 35-38
- Pepin G, Mura P, Kintz P, Dumestre-To ulet V, Ghysel MH, Goullé JP, Gruson A, Lhermitte MA, Lachâtre G, Marka C, Molinar o R, Tourneau J, Vallon JP. Recherche de stupéfiants dans le sang de conducteurs d’automobiles : résultats d’une compilation française d’expertises toxicologiques. Toxicorama 1999 ; 11 : 12-16
- Kintz P. ed. Drug testing in hair Boca Raton : CRC Press, 1996.
- Kintz P, Cirimele V, Pepin G, Marquet P,Deveaux M, Mura P. Identification et dosage des cannabinoïdes dans le sang total. Toxicorama 1996 ; 8 : 29-33
- Huestis M, Henningfield J, Cone E. Blood cannabinoids. II. Models for the prediction of time of marijuana exposure from pl asma concentrations of THC and THC-COOH. J Anal Toxicol 1992 ; 16 : 283-286
- Verstraete AG. Detection times of drugs of abuse in blood, urine, and oral fluid. Ther Drug Monit. 2004 Apr;26(2):200-5.
- Vandevenne M, Vandenbussche H, Verstraete A. Detection time of drugs of abuse in urine. Acta Clin Belg. 2000;55:323 333
Auteur : Anne-Sophie Glover-Bondeau
Cannabis: produit dopant
Le cannabis est classé parmi les produits dopants interdits aux sportifs. Pourquoi est-il considéré comme un produit dopant? Quelle est la réglementation en vigueur? Zoom sur cannabis et compétition sportive.
Cannabis et dopage
Le dopage sportif a été défini ainsi en 1963 lors d'un Colloque Européen sur le dopage: " Est considéré comme dopage l'utilisation de substances et de tous moyens destinés à augmenter artificiellement le rendement en vue ou à l'occasion de la compétition, ce qui peut porter préjudice à l'éthique sportive et à l'intégrité physique et psychique de l'athlète". Le cannabis et la marijuana figurent sur la liste des produits prohibés du Comité International Olympique depuis le 28 avril 1998. L'Agence Mondiale Anti-Dopage (WADA) inclut elle le cannabis dans sa liste de produits interdits depuis 2004. Toutefois, les cannabinoïdes ne sont interdis que lors des compétitions et les tests de dépistage ne peuvent se faire qu’à ce moment-là.
L'article 4 du code de la WADA établit que pour qu'une substance soit inscrite sur la liste des produits interdits, elle doit être un agent masquant ou répondre à deux des trois critères suivants: potentiel à améliorer les performances sportives, risque potentiel ou réel pour la santé, violation de l'esprit du sport. Il est apparu que le cannabis y répondait! Cette drogue est fréquemment consommée par les athlètes. Les cannabinoïdes étaient en effet la troisième substance interdite la plus rencontrée dans 4 des 7 années de contrôle compilées par la WADA et la deuxième substance en 2008-2009 après les anabolisants. (1)
Le cannabis, produit dopant: pourquoi ?
Le principe actif du cannabis est le 6-9 tétrahydrocannabinol (THC). Cette molécule s'adresse à des récepteurs à neuromédiateurs situés dans les cellules du système nerveux central. Le cannabis peut améliorer les performances sportives. En effet, fumer du cannabis peut être utile pour certaines activités, comme les sports extrêmes car cela améliore la relaxation musculaire et la vision, réduit l'anxiété - le THC à faibles doses est un anxiolytique-, aide à contrer les souvenirs anxiogènes, ce qui peut conduire à une amélioration des performances. (2) En outre, la consommation de cannabis augmente le temps de sommeil et la récupération, ce qui peut aussi améliorer les performances lorsqu'un athlète doit multiplier les compétitions sur de courtes périodes. (3) D'autres études ont montré que le cannabis améliorait la fréquence respiratoire, le rythme cardiaque et pourrait améliorer l'oxygénation des tissus. (4) Enfin, le cannabis est un analgésique qui pourrait permettre aux athlètes de travailler même en cas de blessures, de douleurs provoquées par la fatigue de l'entraînement. (5) Huevis et al ont conclu lors de leur étude en 2011 que le cannabis est une substance dopante qui détend l'esprit et améliore la récupération. (6) D'ailleurs, une enquête menée sur 1152 étudiants sportifs français a montré que le cannabis était utilisé pour ses propriétés relaxantes et cela afin d'améliorer les performances sportives. Plus le niveau de compétition était élevé, plus le cannabis était utilisé pour améliorer les performances. (7)
En outre, le cannabis représente un risque potentiel ou réel pour la santé, ce qui est un des autres critères de la WADA. Le cannabis a des effets négatifs sur la cognition et peut nuire aux compétences essentielles requises (par exemple, prise de décision, vigilance) dans les sports à risques et mener à des accidents et/ou blessures et à de mauvaises performances. (8) C'est pourquoi il existe un risque accru d'accidents de voiture et d'avion dus à la consommation de cannabis. Bien que l'on admette une dépréciation des capacités pendant environ 8h, il existe des cas faisant rapport d'effets indésirables pendant 24h. Les athlètes se mettent donc en danger et mettent les autres sportifs en danger en consommant du cannabis qui peut altérer les compétences techniques essentielles.
Enfin, l'Agence Mondiale de Lutte contre le Dopage considère que la consommation de cannabis est contraire à l'esprit du sport, caractérisé par plusieurs valeurs: éthique, honnêteté, respect des lois et des règles (l'Agence Mondiale de la Lutte anti-dopage a ainsi rappelé que le cannabis était une substance illégale dans la plupart des pays).
Cannabis et compétition sportive
La détection de cannabis lors des compétitions se fait en testant les urines: on y recherche du THCCOOH. Le THC du cannabis est rapidement absorbé dans la circulation sanguine après inhalation et métabolisé en plusieurs métabolites, dont le métabolite 11-hydroxy-THC, oxydé en THCCOOH et THCCOOH-glucuronide et sulfate. Le THCCOOH a été choisi comme repère pour les analyses d'urine. Jusqu'à très récemment, le seuil de tolérance au cannabis admis par la WADA était de 15ng/ml de THCCOOH. Un seuil très bas qui pouvait entraîner un risque d'être contrôlé positif après une compétition même en ayant fumé des semaines avant celle-ci. En revanche, l'inhalation passive de cannabinoïdes ne peut pas entraîner des concentrations urinaires de THCCOOH supérieures à 15ng/ml, contrairement à ce que d'aucuns ont pu avancer.
L'Agence Mondiale Anti-Dopage a décidé de relever son seuil de tolérance au cannabis de 15ng/ml à 150 ng/ml le 11 mai 2013 et cela pour éviter les tests positifs après un usage dit "récréatif" plusieurs semaines avant la compétition. Des études ont montré que les métabolites actifs du cannabis sont rediffusés dans les urines pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines et que fumer occasionnellement ou même une seule fois peut suffire à être testé positif au cannabis au seuil de 15ng/ml jusqu'à 5 jours après consommation. (9) Des sportifs ayant fumé plusieurs jours ou même semaines avant une compétition pouvaient être ainsi testés positifs. L'Agence estime qu'avec le nouveau seuil de 150 ng/ ml, seuls 10% des cas testés resteraient positifs. (10) Ce changement de seuil devrait peut-être permettre de faire baisser la consommation de "spice", préparations à base de plantes mélangées, analogues très puissants des cannabinoïdes, indétectables dans les urines, utilisées par les athlètes pour contrer le risque d'être contrôlé positif au cannabis. Or, ces substances ont des propriétés toxicologiques inconnues et potentiellement dangereuses qui peuvent entraîner une intoxication prolongée. Dans leur étude datant de mai 2013, Mateus Bergamaschi et José-Alexandre Crippa recommandent d'inclure toutes les drogues illicites, leurs composés et leurs analogues dans le programme anti-dopage. Cela afin de protéger la santé des athlètes et de promouvoir la santé, l'équité et l'égalité dans le sport. (11)
Références
- Huestis M. A., Mazzoni I., Rabin O. (2011). Cannabis in sport: anti-doping perspective. Sports Med. 41, 949-966.
- Ashton CH. Pharmacology and effects of cannabis: a brief review. Br J Psychiatry. 2001;178:101–106
- Saugy M, Avois L, Saudan C, et al. Cannabis and sport. Br J Sports Med. 2006;40(Suppl. 1):13–15.
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- Lorente FO, Peretti-Watel P, Grelot L. Cannabis use to enhance sportive and non-sportive performances among French sport students. Addict Behav. 2005;30:1382–1391
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- Huestis M. A., Mitchell J. M., Cone E. J. (1996). Urinary excretion profiles of 11-nor-9-carboxy-9-tetrahydrocannabinol in humans after single smoked doses of marijuana. J. Anal. Toxicol. 20, 441-452.
- in Mateus M. Bergamaschi, José Alexandre S. Crippa Why should Cannabis be Considered Doping in Sports? Front Psychiatry. 2013; 4: 32. Published online 2013 May 15
- Mateus M. Bergamaschi, José Alexandre S. Crippa Why should Cannabis be Considered Doping in Sports? Front Psychiatry. 2013; 4: 32. Published online 2013 May 15
Autres sources :
- M Saugy, L Avois, C Saudan, N Robinson, C Giroud, P Mangin, and J Dvorak, Cannabis and sport, Br J Sports Med. 2006 July; 40(Suppl 1): i13–i15.doi: 10.1136/bjsm.2006.027607 PMCID: PMC2657492
- Javier Maquirriain, Epidemiological analysis of doping offences in the professional tennis circuit, J Occup Med Toxicol. 2010; 5: 30.Published online 2010 December 15. doi: 10.1186/1745-6673-5-30 PMCID: PMC3012045
- Deligiannis A, Björnstad H, Carre F, Heidbüchel H, Kouidi E, Panhuyzen-Goedkoop NM, Pigozzi F, Schänzer W, Vanhees L; ESC Study Group of Sports Cardiology. ESC study group of sports cardiology position paper on adverse cardiovascular effects of doping in athletes. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil. 2006 Oct;13(5):687-94.
- Renaud A. M., Cormier Y. (1986). Acute effects of marihuana smoking on maximal exercise performance. Med. Sci. Sports Exerc. 18, 685-689.
- Lowe R., Abraham T., Darwin W., Herning R., Cadet J., Huestis M. (2009). Extended urinary Delta9-tetrahydrocannabinol excretion in chronic cannabis users precludes use as a biomarker of new drug exposure. Drug Alcohol Depend. 105, 24-32.
- Bergamaschi M. M., Karschner E. L., Goodwin R. S., Scheidweiler K. B., Hirvonen J., Queiroz R. H. C., et al. (2013). Impact of prolonged cannabinoid excretion in chronic daily cannabis smokers' blood on per se drugged driving laws. Clin. Chem. 59, 519-526.
- Huestis M. A., Mitchell J. M., Cone E. J. (1996). Urinary excretion profiles of 11-nor-9-carboxy-9-tetrahydrocannabinol in humans after single smoked doses of marijuana. J. Anal. Toxicol. 20, 441-452.
- World Anti-Doping Agency (2013). WADA Technical Document: Decision Limits for the Confirmatory Quantification. The World Anti-Doping Code. International Standards for Laboratories, TD2013DL. Montreal: World Anti-Doping Agency.
Auteur : Anne-Sophie Glover-Bondeau
Cannabis et alcool, liaison dangereuse
Consommés séparément, l'alcool et le cannabis ont des effets néfastes mais pris ensemble ces deux produits sont encore plus dangereux, tout particulièrement pour la conduite d'un véhicule. Explications.
Cannabis et alcool, souvent consommés ensemble
La consommation de cannabis est fréquemment associée à la consommation de tabac. De la même façon, on note une surconsommation d'alcool chez les personnes consommant du cannabis de façon régulière par rapport à la population générale. Une enquête réalisée en France en 2002 a montré que parmi les jeunes de 18 à 25 ans, 15% consommaient de l'alcool au moins trois fois par semaine et 4,1% tous les jours. Chez les consommateurs réguliers du cannabis, les chiffres de consommation sont plus élevés: 41% déclaraient consommer de l'alcool au moins trois fois par semaine au cours du mois écoulé et 12,9% en consommaient tous les jours. (1) Une autre étude a montré que les consommateurs réguliers de cannabis (plus de 10 fois dans l'année) consomment davantage d'alcool et de tabac que les non consommateurs. (2) Une étude canadienne réalisée en 2000 a montré que parallèlement à l'accroissement de la consommation de cannabis, on observait un accroissement de la consommation d'alcool et notamment de la consommation aiguë (ivresse). (3) Les données portant sur les conducteurs accidentés le confirment: une proportion substantielle de conducteurs positifs au cannabis l’est aussi à l'alcool.
Leurs effets se potentialisent
Les effets psycholeptiques, sédatifs et ébriants du cannabis se potentialisent, majorant leurs effets respectifs, sur le plan cognitif comme sur le plan moteur. Des tests menés sur simulateur ou sur route ont ainsi montré que des doses faibles à modérées de cannabis prises en combinaison avec une faible dose d'alcool altéraient plus gravement la conduite: forte instabilité de la trajectoire, augmentation du temps de réaction aux manœuvres des autres véhicules. Le déficit observé de contrôle de trajectoire pour la combinaison alcool 0,4g/l et THC 100 μg/kg est équivalent au déficit résultant d'une alcoolémie de 0,9g/l et pour la combinaison alcool 0,4g/l et THC 200 μg/kg le déficit est équivalent au déficit résultant d'une alcoolémie de 1,4g/l. (4) Cette combinaison explique bien des drames sur les routes les samedis soirs, à la sortie des bars ou boîtes de nuit...Une autre étude s’est intéressée aux effets combinés de l’alcool et du cannabis sur la mémoire de rats (reconnaissance d’objets) : les résultats ont montré une action synergique négative de l’alcool et du cannabis sur la reconnaissance d’objets. (5) Le mélange alcool/drogue augmente les risques chez les personnes vulnérables d’expériences psychotiques mais aussi de nausées et vomissements. La consommation d’alcool semble en effet provoquer une absorption plus rapide de la THC, ce qui entraînerait des effets du cannabis plus forts. (6)
Le cannabis inciterait à la consommation d'alcool
Des expériences chez l'animal ont montré que le cannabis incitait à la consommation d'alcool. Des rats qui ont à leur disposition deux biberons, un contenant de l'eau et un rempli de solution hydro-alcoolique, boivent de l'eau de façon quasi exclusive. Par contre, si on administre aux rats du THC, ils consomment alors de façon quasi exclusive la solution hydro-alcoolique. (7) Une autre expérience a montré qu'en bloquant les récepteurs CB1 de rats devenus dépendants à l'alcool, au lieu de les stimuler avec du THC, on observait une diminution de la consommation d'alcool des rats. (8) L’activation des récepteurs cannabinoïdes CB1 (activé par la conso de marijuana) semble augmenter le besoin d’alcool ce qui suggère un rôle de ces récepteurs dans les comportements alcooliques excessifs et le développement de l’alcoolisme. Des études récentes ont montré que les antagonistes des récepteurs CB1, SR 141716, peuvent réduire la consommation volontaire d’alcool chez le rat, suggérant le rôle du récepteur CB1 dans le circuit neuronal modulant les propriétés de renforcement de l’éthanol. (9) On pense que les personnes qui tentent d’arrêter l’un de ces produits (alcool, cannabis) peuvent être tentées par consommer plus de l’autre pour les aider à faire face aux effets secondaires du sevrage. Beaucoup de personnes arrêtent de fumer du cannabis vers 30-35 ans, âge auquel le taux d’alcoolisme augmente, ce qui fait que des médecins se demandent si les anciens consommateurs de cannabis ne se mettent pas à consommer plus d’alcool à ce moment. (10) Cela n’a pas été étudié encore.
Il existe de plus une tolérance croisée entre éthanol et THC: un animal devenu moins sensible aux effets ébriants de l'alcool à force d'administrations répétées, est aussi moins sensible aux effets ébriants du cannabis (11). Conséquence: pour arriver aux effets attendus, les consommateurs augmentent les quantités des deux produits.
On en sait assez pour déconseiller la consommation de cannabis et d’alcool, en particulier pour ceux qui prennent la route.
(Auteur : A-S. Glover-Bondeau)
Références
- Beck (F.), Legleye (S.), Peretti-Watel (P.), Penser les drogues : perceptions des produits et des politiques publiques. Enquête sur les représentations opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP) 2002, OFDT.
- Lynskey,MT, Fergusson DM, Horwood LJ. The origins of the correlations between tobacco, alcohol, and cannabis use during adolescence. J Child Psychol Psychiatry 1998, 39 : 995-1005.
- Adlaf EM, Paglia A, Ivis FJ, Iaolomiteanu A. Nonmedical drug use among adolescent students : highlights from the 1999 Ontario Student Drug Use Survey. CMAJ 2000, 162 : 1677-1680.
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- National Cannabis Prevention and information centre : http://ncpic.org.au/ncpic/publications/factsheets/article/mixing-cannabis-and-alcohol.
- Gallate JE, Saharov T, Mallet PE, McGregor IS. Increased motivation for beer in rats following administration of a cannabinoid CB1 receptor agonist. Eur J Pharmacol. 1999,Apr 16;370(3):233-40. 1999.
- Serra S, Carai MAM, Brunetti G, Gomez R, Melis S, Vacca G, Colombo G, Gessa GL. The cannabinoid receptor antagonist SR 141716 prevents acquisition of drinking behaviour in alcohol-preferring rats. Eur J Pharmacol. 2001; 430: 369–371.
- Colombo G, Serra S, Brunetti G, Gomez R, Melis S, Vacca G, Carai MM, Gessa L. Stimulation of voluntary ethanol intake by cannabinoid receptor agonists in ethanol-preferring sP rats. Psychopharmacology (Berl). 2002 Jan;159(2):181-7. Epub 2001 Sep 22.
- Jean Costentin, Pourquoi Il Ne Faut Pas Dépénaliser L'usage Du Cannabis, Editions Odile Jacob, 2012.
- B.S. Basavarajappaa, b, B.L. Hungundc, Neuromodulatory role of the endocannabinoid signaling system in alcoholism: an overview Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids. 2002 Feb-Mar;66(2-3):287-99
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- OFDT A propos du cannabis en France en 2004, Consommateurs réguliers, usages problématiques et caractéristiques du produit
Cannabis et conduite: danger!
La consommation de cannabis est à l'origine de nombreux accidents de la route graves ou mortels. Les données actuelles et les explications pour connaître et comprendre ce danger encore trop souvent ignoré par les consommateurs.
Consommation de cannabis : plus d'accidents de la route
Un grand nombre d'études portant sur la sécurité routière a montré que les accidents de la route, en particulier les accidents mortels, étaient souvent liés à la consommation d'une substance psychoactive. Ainsi, en République Tchèque en 2008, sur 1040 personnes décédées, dont 778 actives (cyclistes, piétons, conducteurs) dans un accident de la route, 582 ont été testées positives à l'une des substances suivantes: éthanol, cannabis, opiacés, stimulants, cocaïne, benzodiazépines... Les conducteurs étaient positifs à l'alcool dans 29,2% des cas et au cannabis dans 6,2% des cas (1).
Le cannabis étant la drogue la plus consommées, en particulier par les jeunes, il est important d'informer sur le fait que sa consommation est très dangereuse pour la conduite. Qui plus est, la consommation de cannabis par les conducteurs est en augmentation. Des enquêtes ont montré qu'environ 80% des consommateurs de drogues conduisaient après avoir consommé du cannabis (2) (3) (4) Au Canada, le pourcentage de Canadiens qui auraient conduit dans les deux heures suivant la consommation de cannabis est passé de 2,1 % en 1988 à 4,8% en 2004. (5) Le European Monitoring Centre for Drugs ans Drug Addiction a indiqué qu'entre 0,3% et 7,4% des conducteurs avaient été testés positifs au cannabis sur les routes du Royaume Uni, du Danemark, des Pays Bas, de la Norvège, des États-Unis et de l'Australie. (6) L'enquête SAM, menée en France entre 2001 et 2003, permet s'estimer la prévalence du cannabis parmi les conducteurs à 2,8%.(7)
Une méta analyse nous apprend que consommer du cannabis avant de prendre le volant multiplie par 2 le risque de provoquer un accident de la route. (8) Les études épidémiologiques montrent la surreprésentation des conducteurs positifs au cannabis chez les personnes blessées ou décédées suite à un accident de la route. Une étude publiée en 2005 a montré que les conducteurs contrôlés positifs pour le cannabis étaient trois fois plus impliqués dans des accidents mortels de la route que les conducteurs testés négatifs. (9) Diverses études canadiennes indiquent que 4 à 12% des conducteurs tués ou blessés sur la route avaient consommé du cannabis. (10)Une étude française effectuée sur 11 000 conducteurs impliqués dans 7500 accidents mortels a conclu que 9% des conducteurs étaient positifs au cannabis. Au cours de l'enquête SAM en France 7% des conducteurs impliqués dans un accident mortel se sont révélés positifs au cannabis (THC sanguin>1ng/ ml). Ce taux atteignait 17% chez les moins de 25 ans. (11)
Cannabis et alcool : cocktail à haut risque pour les conducteurs
On a dit plus haut que conduire sous l'effet du cannabis double le risque d'être responsable d'un accident mortel. La combinaison cannabis et alcool multiplie elle le risque d'être responsable d'un accident mortel par 15. (12) Le cannabis est souvent consommé avec de l'alcool lors de soirées festives, par les jeunes surtout. La fréquence des accidents chez les moins de 27 ans est multipliée par 2,5 avec le cannabis seul, par 3,8 avec l'alcool seul et par 4,8 avec l'association alcool et cannabis. (13) Des études ont montré que le cannabis et l'alcool sont les substances les plus souvent retrouvées chez les conducteurs décédés. L'alcool comme le cannabis affecte les capacités de conduire. Et comme les effets du cannabis et de l'alcool se potentialisent, les conducteurs qui consomment les deux ont encore un plus faible contrôle du véhicule. Sur le plan cognitif, cette association est très délétère mais elle l'est aussi sur un plan moteur. Une expérience menée sur des rongeurs (expérience du « rotarod », test de coordination motrice des rongeurs) est très révélatrice: un rongeur est posé sur une barre cylindrique horizontale surélevée animée d'un mouvement de rotation uniforme selon son grand axe. Pour ne pas tomber, l'animal doit coordonner ses mouvements et ajuster sa marche aux rotations de la barre. Une alcoolémie de 0,5 g par litre n'a pas d'effet pas plus que l'administration d'une très faible dose de THC. En revanche, quand on associe ces deux produits aux mêmes doses, l'animal tombe. (14)
Consommation de cannabis et conduite: des réflexes réduits
Le cannabis altère les capacités psychomotrices nécessaires à la conduite. C'est le principe actif du cannabis, le THC, qui a des effets neuropsychiques. Ceux-ci apparaissent 15 à 20 mn après l'inhalation de cannabis, un peu plus tard chez les consommateurs chroniques, et peuvent se prolonger pendant plusieurs heures, jusqu'à 24h selon certaines études. (15) (16) En plus de ces effets, apparaissent des troubles de l'attention, des troubles de la vision et de l'ouïe, des perturbations de la coordination psychomotrice. Une étude a montré qu'il y avait une diminution de vitesse de la poursuite visuelle dans le champ central et périphérique 15 mn après l'inhalation de cannabis. (17) Les principaux effets du cannabis sur la conduite ont été montrés par des études menées via des simulateurs: difficulté à maintenir une trajectoire en ligne droite, temps de réaction augmenté, conduite hésitante, difficultés à évaluer les distances et à rouler à une vitesse constante, risque de ne pas pouvoir faire face à l'imprévu, difficultés à se concentrer. (18) Les effets cognitifs et psychomoteurs du cannabis sont dose dépendants. Une quantité de cannabis correspondant à 25 bouffées altère plus les compétences psychomotrices et les performances cognitives qu'une quantité correspondant à 4 ou 10 bouffées. (19) Une étude a établi une comparaison approximative entre 16 bouffées à 3,55% de 9-THC et environ 70 g d'alcool. (20) A ces doses, l'altération porte sur la mémoire, les performances cognitives et psychomotrices et sur l'humeur. La conduite automobile est donc plus affectée avec des doses élevées de cannabis. Cependant, même de faibles doses de THC peuvent amoindrir les facultés, d'autant plus si de l'alcool est consommé en même temps. L’enquête SAM a ainsi montré que même avec des valeurs en dessous de 1 ng/mL de THC, le cannabis était associé à un risque multiplié par 2,18 de responsabilité dans l'accident. Ce risque grimpait à 4,72 pour des concentrations supérieures ou égales à 5 ng/mL. (21)
La conduite sous l'influence du cannabis est un problème préoccupant. Les tests de dépistage rapides de THC dans la salive ne sont pas assez sensibles aujourd'hui pour permettre des campagnes de dépistage systématique. Reste à les améliorer et surtout à continuer d’informer sur les dangers du cannabis.
Références
(1) Mravcík V, Zábranský T, Vorel F Ethanol and other psychoactive substances in fatal road traffic accidents in the Czech Republic in 2008.Cas Lek Cesk. 2010;149(7):332-6. Czech.
(2) Kubitzki J. Ecstasy im Straßenverkehr. Zeitschrift für Verkehrssicherheit 2001; 47: 178-183.
(3) Albery IP, Strang J, Gossop M, Griffiths P. Illicit drugs and driving: prevalence, beliefs and accident involvement among a cohort of current out-of-treatment drug users. Drug AlcoholDepend 2000; 58(1-2):197-204.(4) Neale J, McKeganey N, Hay G, Oliver J. Recreational drug use and driving: a qualitativestudy. Scottish Executive Central Research Unit; 2000, 103 pages.(5) Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (décembre 2006). Le cannabis et la conduite automobile. Analyse tirée de l’Enquête sur les toxicomanies au Canada de 2004.(6) in Asbridge M, Hayden JA, Cartwright JL. Acute cannabis consumption and motor vehicle collision risk: systematic review of observational studies and meta-analysis. FEV 2012
(7) Groupe SAM, et al., Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière (projet SAM). Synthèse des principaux résultats, 2005
(8) Columbia University's Mailman School of Public Health et Epidemiologic Reviews doi: 10.1093/epirev/mxr017 First published online: October 4, 2011 “Marijuana Use and Motor Vehicle Crashes”
(9) Laumon B., et al., Cannabis intoxication and fatal road crashes in France: population based case-control study. 2005, British Medical Journal, 331, p.1371-4.
(10) Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (2003). FAQ sur le cannabis au volant, Ottawa, CCLAT, 6 p.
(11) Groupe SAM, et al., Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière (projet SAM). Synthèse des principaux résultats, 2005
(12) Groupe SAM, et al., Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière (projet SAM). Synthèse des principaux résultats, 2005
(13) Mura P, Kintz P, Ludes B, Gaulier JM, Marquet P, Martin-Dupont S, Vincent F, Kaddour A, Goullé JP, Nouveau J, Moulsma M, Tilhet-Coartet S, Pourrat O.Comparison of the prevalence of alcohol, cannabis and other drugs between 900 injured drivers and 900 control subjects: results of a French collaborative study. Forensic Sci Int. 2003 Apr 23;133(1-2):79-85.(14) in Jean Constentin, nouveau regard sur le cannabis, Université de Rouen, 2011
(15) Chait LD. Subjective and behavorial effects of marijuana the morning after smoking. Psychopharmacology 1990, 100 : 328-333
(16) Heishman SJ, Huestis MA, Henningfield JE, Cone EJ. Acute and residual effects of marijuana : profiles of plasma THC levels, physiological, subjective, and performancemeasures. Pharmacol Biochem Behav 1990, 37 : 561-565
(17) Fant RV, Heishman SJ, Bunker EB, Pickworth WB. Acute and residual effects of marijuana in humans. Pharmacol Biochem Behav 1998, 60 : 777-784
(18) Ben Amar, M. (2004). «Cannabis : Pharmacologie du cannabis et synthèse des analyse des principaux comité d’experts» Drogues, santé et société, Volume 2, numéro 2
(19) Azorlosa JL, Heishman SJ, Stitzer ML, Mahaffey JM. Marijuana smoking : effect of varying delta 9-tetrahydrocannabinol content and number of puffs. J Pharmacol Exp Ther 1992, 261 : 114-122
(20) Heishman SJ, Arasteh K, Stitzer ML. Comparative effects of alcohol and marijuana on mood, memory, and performance. Pharmacol Biochem Behav 1997, 58 : 93-101
(21) Groupe SAM, et al., Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière (projet SAM). Synthèse des principaux résultats, 2005
Autres sources :
- Asbridge M, Hayden JA, Cartwright JL. Acute cannabis consumption and motor vehicle collision risk: systematic review of observational studies and meta-analysis. FEV 2012
- Mir MU, Khan I, Ahmed B, Abdul Razzak J .Alcohol and marijuana use while driving--an unexpected crash risk in Pakistani commercial drivers: a cross-sectional survey.., FEVR 2012
- Elvik R.Risk of road accident associated with the use of drugs: A systematic review and meta-analysis of evidence from epidemiological studies. Accid Anal Prev. 2012 Jul 9.
- Drabek M, Andysz A Effects of marijuana and amphetamine (and its derivatives on driving performance based on the driving simulator studies Med Pr. 2011;62(5):551-63. Review. Polish.
- Gjerde H, Normann PT, Christophersen AS, Samuelsen SO, Mørland J.Alcohol, psychoactive drugs and fatal road traffic accidents in Norway: a case-control study. Accid Anal Prev. 2011 May;43(3):1197-203
- Fierro I, Morales C, Alvarez FJ.Alcohol use, illicit drug use, and road rage. J Stud Alcohol Drugs. 2011 Mar;72(2):185-93.
- Mravcík V, Zábranský T, Vorel F Ethanol and other psychoactive substances in fatal road traffic accidents in the Czech Republic in 2008.Cas Lek Cesk. 2010;149(7):332-6. Czech.
- Zhuo X, Cang Y, Yan H, Bu J, Shen B. The prevalence of drugs in motor vehicle accidents and traffic violations in Shanghai and neighboring cities. Accid Anal Prev. 2010 Nov;42(6):2179-84. Epub 2010 Aug
- Penning R, Veldstra JL, Daamen AP, Olivier B, Verster JC.Drugs of abuse, driving and traffic safety. Curr Drug Abuse Rev. 2010 Mar;3(1):23-32. Review.
- Sidlo J.Psychoactive substance-related deaths in road traffic accidents in Slovakia between 2000 and 2007. Bratisl Lek Listy. 2009;110(8):468-71.
- Lane S et al, Marijuana effects on human forgetting functions, J Expert Anal Behav, 2005
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- Laumon B., et al., Cannabis intoxication and fatal road crashes in France: population based case-control study. 2005, British Medical Journal, 331, p.1371-4.
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. (2001). Cannabis. Quels effets sur le comportement et la santé ? Paris : Les Éditions Inserm.Ben Amar, M. (2004). Cannabis : Pharmacologie du cannabis et synthèse des analyse des principaux comité d’experts Drogues, santé et société, Volume 2, numéro 2Jean Constentin, nouveau regard sur le cannabis, Université de Rouen, 2011
Auteur : Anne-Sophie Glover-Bondeau
Cannabis et sexualité : aide ou entrave ?
Le THC est-il aphrodisiaque ou au contraire entrave aux fonctions sexuelles? Son interférence avec les hormones sexuelles peut modifier le désir sexuel, l’érection et les orgasmes.
Ces effets diffèrent entre les hommes et les femmes et selon les dosages utilisés. Si dans certains cas les réactions peuvent être aphrodisiaques, les abuses de cannabis peuvent être délétères et provoquer des dysfonctions de l’érection, des manques d’orgasme, des baisses de l’excitation et des rapports douloureux.
Les dysfonctions sexuelles, souvent négligées et sous-diagnostiquées, sont cause de sérieuses préoccupations (1).
Ce n’est pas parce qu’on en parle peu... que ces problèmes n’existent pas !
- réduction du désir sexuel et de la libido,
- baisse de la fréquence des rapports sexuels
- rapports douloureux,
- dysfonction érectile,
- diminution de l’excitation,
- éjaculation précoce,
- impossibilité à atteindre un orgasme
Par exemple, en Suisse, aux Etats-Unis et dans certains pays européens, les statistiques montrent que, chez les jeunes d’âge compris entre 18 et 25 ans, un homme sur trois souffre au moins d’un trouble sexuel (1).
Et d’après différentes études épidémiologiques, ces chiffres sont encore plus importants chez la population féminine, où plus de 4 femmes sur 10 auraient des problèmes à vivre pleinement, ou du moins d’une façon satisfaisante, leur vie sexuelle (2).
Il est difficile d’identifier le rôle exact joué par les différentes drogues dans l'apparition de dysfonctions sexuelles
Parmi les facteurs qui influencent la récurrence de ces problèmes on peut citer l’abuse d’alcool et de drogues, dont le cannabis. Cependant, il est difficile d’identifier clairement le rôle joué par chacun de ces produits car, en général, ce sont des substances qui sont rarement utilisées toutes seules (2).
Néanmoins, des études épidémiologiques datant déjà des années 80, reprises et re-analysées tout récemment, montrent une corrélation assez claire entre la présence de certains troubles sexuels et la consommation de certaines substances (2).
Les évaluations statistiques dans ce type de recherche sont complexes et tiennent compte de beaucoup de variables, telles que les données démographiques, les conditions de santé, la cooccurrence chez la même personne de plusieurs troubles psychiatriques (par exemple : dépression, anxiété, phobies sociales) et l’utilisation de diverses drogues (2).
La consommation d’alcool et de marijuana est liée à une diminution des orgasmes et une augmentation des rapports douloureux
Ainsi, après avoir pris en considération tous les autres facteurs, il résulte que les utilisateurs de marijuana et d’alcool ont moins de chances de ressentir des orgasmes que ceux qui utilisent d’autres drogues. De surcroît, la consommation de drogues illicites et de cannabis est aussi associée à des rapports sexuels douloureux, qui, d’ailleurs, surviennent plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes (2).
Même si tous ces résultats suggèrent une influence négative du cannabis dans les troubles sexuels, ils ne prouvent pas un lien de causalité directe, ce qui reste donc un champ de recherche ouvert et important à explorer (2).
Les effets de cannabis varient selon les quantités consommées
D’autant plus, que parallèlement aux enquêtes qui établissent que la marijuana est toxique pour la santé sexuelle, on en trouve d’autres qui lui attribuent des effets totalement différents. Est-ce-que, par exemple, comme certains témoignages le reportent, le cannabis peut avoir des vertus aphrodisiaques (3) ?
Un examen de plusieurs sondages chez des femmes consommatrices de cannabis laisse entendre qu’une utilisation modérée améliore la sexualité dans deux domaines : le désir et le fonctionnement sexuel, ce qui inclue satisfaction, plaisir et qualité des orgasmes. Toutefois, une forte absorption de cannabis semble provoquer une baisse importante de la motivation sexuelle (3).
Pour ce qui concerne la sexualité des hommes plusieurs reportages des années 70 et 80 évoquent aussi une relation entre l’amélioration des rapports sexuels et la consommation de marijuana : le désir et la libido seraient accrus, les performances sexuelles seraient perçues plus longues et satisfaisantes, les orgasmes plus intenses (3).
Mais tous ces effets, chez les hommes comme chez les femmes, baissent brutalement lorsque la consommation de cannabis dévient excessive (3).
Le cannabis provoque-il des dysfonctions érectiles ?
Cependant, il apparait que si, d’une part le cannabis stimule le désir sexuel masculin, d’autre part il pourrait affecter les fonctions sexuelles en baissant la capacité érectile. Une recherche récente a été menée sur soixante-quatre hommes. En utilisant la pléthysmographie, une technique qui permet d’évaluer les variations de vasomotricité des vaisseaux sanguins, cette étude a documenté que les consommateurs habituels de marijuana ont l’endothélium, le tissu qui tapisse les vaisseaux sanguins, endommagé. Ceci constitue un important facteur de risque et de prédiction pour les dysfonctions érectiles (4).
Ces problèmes avaient déjà été mis en évidence lors de plusieurs sondages dans les années 80 qui ont reporté que la fréquence des troubles érectiles était deux fois plus importante chez les fumeurs que les non-fumeurs (3).
Les scientifiques ont plusieurs hypothèses pour expliquer les effets du cannabis sur la sexualité
Mais pourquoi le cannabis a tant d’influences, parfois contradictoires, sur la sphère sexuelle ? Les explications sont multiples. Certaines études suggèrent que les modifications de la sexualité soient dues aux effets psychotiques de la perception de la réalité qui amènent à une sensation de ralentissement du temps et une accentuation des sensations physiques grâce auxquelles même les rapports sexuels apparaissent prolongés, plus intenses et étendus au corps entier et non limités aux zones érogenes (3).
Ne manquent pas les hypothèses qui mettent en jeu le rôle du cannabis dans la modulation des régions du cerveau impliquées dans le contrôle de l’activité sexuelle, et plus particulièrement les zones qui contrôlent l’inhibition et la relaxation (3).
Cependant, certaines études ont tendance à montrer que les actions du cannabis seraient plutôt attribuées à un effet placebo, à cause la réputation aphrodisiaque de la plante. Effectivement il semble que les attentes et les croyances des utilisateurs de marijuana influencent l’issue des expériences sexuelles vécues (3).
A l’heure actuelle il manque des preuves pour renforcer l’une ou l’autre de ces explications. Il est fort probable que le cannabis agisse à plusieurs niveaux et d’une façon unique chez chaque utilisateur, ce qui explique pourquoi il peut y avoir autant de réponses individuelles à la consommation de marijuana (3).
Le système endocannabinoïde interagit avec les hormones sexuelles
Ceci dit, il existe à l’heure actuelle une nouvelle piste pour éclaircir les effets du cannabis au niveau de la vie sexuelle. Depuis les années 80, le système endocannabinoïde a été mis en évidence, un réseau de molécules fabriquées au besoin par notre corps et capable de réagir entre autre aux composés contenus dans le cannabis (5).
Les plus connus sont le THC (Delta-9-tetrahydrocannabinol) et le cannabidiol. Ces substances sont appelées phytocannabinoïdes à différence de celles produites par notre corps, nommées endocannabinoïdes (5).
Le système endocannabinoïde se trouve dans le cerveau mais aussi un peu partout dans le corps et intervient dans la régulation d’une multitude de comportements et de fonctions physiologiques, dont les fonctions sexuelles. Les hormones gonadotropes, qui modulent le développement et le fonctionnement des organes génitaux, et les hormones sexuelles, telle que la testostérone, l'androstérone, l'œstrone, l'œstradiol et la progestérone peuvent aussi varier leur concentration selon l’activité du système endocannabinoïde (6).
En retour, les organes sexuels, les hormones sexuelles et les parties du cerveau qui contrôlent les fonctions sexuelles, en particulier l’axe hypothalamo-hypophysaire, peuvent en retour influencer le système endocannabinoïde comme dans une espèce de boucle (6).
Le cannabis provoquerait une baisse de testostérone
Une des hormones qui peut être touchée par l’utilisation de la marijuana est la testostérone. Environ trente minutes après avoir consommé le cannabis, le niveau de testostérone commence à baisser. Si la personne continue à fumer, au bout de quatre semaines le niveau de testostérone peut chuter de plus de la moitié. Quand la même personne arrête, au bout d’une semaine elle produit à nouveau une quantité de testostérone proche de la normale, ce qui indiquerait que ces effets sont reversibles (3).
Même si ces résultats n’ont pas été validés dans toutes les études menées chez l’humain, les expériences in vitro sur des cellules isolées ou chez des animaux, confirment, dans l’ensemble, ces données. De plus, elles montrent qu’une administration chronique de THC provoque une dégénérescence des testicules chez les chiens et une inhibition de la spermatogénèse chez les souris. Effets réversibles une fois que le THC n’est plus administré (6).
Si à l’heure actuelle on ne connait pas encore les séquelles de cette baisse de testostérone chez certains hommes, l’augmentation de l’excitation et de la libido chez les femmes consommatrices de cannabis semble, par contre, liée à une augmentation de cette hormone (3).
Il est important d’explorer le rôle du système endocannabinoïde dans la fonction sexuelle
Comme les témoignages de certaines utilisatrices de cannabis laissaient entendre, une étude récente a prouvé que le système endocannabinoïde est impliqué dans la sensation d’excitation et de libido. Plus particulièrement il y a une corrélation directe entre le taux des deux endocannabinoïdes, l’anandamide et le 2-arachidonoyl glycerol fabriqués par l’organisme et libérés dans le sang, et l’état d’excitation sexuelle chez les femmes qui ont participé à l’étude (7).
Par contre, à l’inverse de ce qu’on pouvait s’attendre par les récits des femmes, les résultats montrent que l’activation du système endocannabinoïde par le cannabis peut diminuer l’excitation sexuelle, ce qui peut expliquer pourquoi chez certaines consommatrices l’utilisation de cannabis peut avoir un effet opposé à celui attendu et espéré (7).
Le système endocannabinoïde apparait donc finement régulé, même en ce qui concerne les fonctions sexuelles, ce qui laisse envisager des potentialités intéressantes dans le traitement des dysfonctions sexuelles (7).
Cependant, en tenant compte de sa complexité et de l’étendue des possibilités thérapeutiques des cannabinoïdes, il sera utile de poursuivre les recherches pour mieux comprendre la multitude des liens entre le système endocannabinoïde et les fonctions sexuelles. Ceci est important pour éviter des effets secondaires qui touchent la sexualité, même lors de l’administration des cannabinoïdes pour le traitement de toute autre pathologie (3).
Références
Auteur : Lia Rosso